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À l’occasion de la journée de la Terre, j’avais envie de rendre un hommage aux arbres qui m’ont accompagné depuis ma naissance.

Bien sûr, les arbres ce sont les racines, l’ancrage. Il s’agit aussi de famille, de génération, de longévité. Les arbres sont ceux qui tissent un chemin depuis les racines, puis qui s’élèvent vers le ciel … du matériel vers l’immatériel. Tout cela avec une certaine rectitude, mais avec parfois une touche d’ excentricité dans le feuillage, les graines ou les fleurs.

Sachant s’adapter parfaitement aux rythmes des saisons, ils sont régis sur un rythme infiniment plus lent que le nôtre, petits humains. Ils sont les maîtres des cycles saisonniers, nous enseignant patience et lâcher-prise. Nous découvrons à peine qu’ils sont aussi solidaires entre eux. Ils ont tant à nous enseigner pour autant que nous puissions y prêter attention, mais surtout prendre le temps d’aller véritablement à leur rencontre. Mieux les protéger et les défendre s’impose.

Le catalpa en fleurs

Les ancêtres

Au commencement, mes ancêtres ont planté des arbres à leur arrivée, il y a près d’un siècle. Mon frère est aujourd’hui leur gardien. J’ai la chance d’habiter près d’eux, comme dans une cabane suspendue entre un tilleul et un catalpa.

Le catalpa, est créatif: entre ses feuilles en forme de cœur et ses fruits en forme de gros haricots qui se plantent dans le sol. Et puis, quand il fleurit, cela ne passe pas inaperçu non plus 🙂

 

Les parents

Il y a les arbres plantés par mon père qui avait la main verte. Il adorait ramener toutes sortes de graines de ses voyages à l’étranger. Aujourd’hui, grâce à sa curiosité et à sa main d’expert, nous mangeons des kiwis et des olives. JE pourrais aussi vous parler du citronnier de ma mère qui se repose encore un peu à la cave avant de venir prendre le soleil estival. Mes parents avaient même fait la Une d’un quotidien avec les bananiers et un régime de bananes, ce qui a l’époque était vraiment très rare dans notre région.

 

La forêt impériale

J’ai aussi eu la chance de vivre à l’orée d’une forêt aux allures impériale quelque part près du lac. Là aussi, une allée d’ arbres séculaires faisant une haie d’honneur majestueuse à chaque nouveau visiteur. Un cadre verdoyant et enchanteur où les arbres servaient d’abri à une multitude d’oiseaux. Notamment des pics.

 

Mon compagnon de route

Alors que je vivais dans cette forêt, j’ai reçu de mes parents, un arbre qu’on appelle le pied d’éléphant. Cela fait maintenant une vingtaine d’années que je vis avec cet arbre qui se porte à merveille. Pourrais-je le transmettre à la génération suivante ?

Cerisier du Japon

Les voisins

Il y a les arbres du voisinage qui font partie de mon paysage quotidien. Comme ce cerisier du Japon qui chaque année, nous enchante quelques jours. Cette année plus d’une semaine de spectacle fleurs rose en forme de cœur et de pompons. Si doux et si beau. Une invitation à voir la vie en rose.

 

Le dernier né

Dans ma famille d’arbres, il y a un dernier-né, déjà plein de feuilles. Il a un an, il fait déjà une bonne vingtaine de centimètres, il s’agit d’un manguier. Le fruit des amoureux. Je lui parle tous les matins, évidemment avec beaucoup d’amour, pour qu’il fasse des fruits d’une douceur incomparable. Et les partager.

Naissance d’un manguier

Ce qu’il y a de beau avec un arbre, c’est qu’on ne le plante pas pour soi. La beauté d’un arbre, c’est qu’on le plante pour quelqu’un d’autre. Pour les générations suivantes, pour qu’elles puissent s’y abriter, y prendre refuge ou se nourrir. C’est une forme de don … à la Terre comme à ses habitants. Une forme de contribution à l’univers.

Nous commençons à peine de découvrir comment les arbres communiquent entre eux, mais aussi éventuellement avec nous, quand nous savons écouter. Je déteste particulièrement l’expression prendre un bain de forêt, très à la mode en ce moment. Pourquoi ? À cause du mot «prendre» essentiellement, puis à cause du mot «bain», parce que ce n’est vraiment pas de cela dont il s’agit. L’idée, ce n’est vraiment pas, ni de prendre, ni de baigner, ni de gagner, ni de fixer un objectif de 5247,43 pas par jour ou par semaine.

Il n’y a besoin ni de faire, ni d’acheter, ni de prendre, ni de squatter. Laisser tomber tout cela, concentrez-vous juste sur le fait d’être. Avec conscience. Avec présence.

Puis, écouter,
E C O U T E R
E C O U T E R encore
ensuite, laisser la forêt s’imprégner en vous. Les sons, les odeurs, les énergies, la sagesse, le vivant… puis remercier humblement.

Rendez visite à la forêt comme vous rendez visite à votre famille… pour un moment de partage. Grâce à cette dernière année, ce mot a repris du sens. Se reconnecter à la Terre sans rien y prendre sinon du plaisir et peut-être en y laissant un peu de soi. Avec humilité. Avec respect. Avec révérence. Avec amour. Alors peut-être, nous serons dignes de ce partage.

 

En images …

 

Une main tendue

Voici une belle manière de rendre hommage au plus grand arbre de Grande-Bretagne foudroyé lors d’un orage.
Au-delà de l’idée de l’anthropomorphisme, j’y vois à la fois un impérieux appel à l’aide, mais aussi une invitation à se reconnecter à la Terre et à nos propres racines. Car in fine, il ne faut pas oublier que sauver un arbre ou une forêt, c’est aussi se sauver un peu soi-même.

Le géant de Vyrnwy